Petit Séjour à Taizé



Du 29 Avril au soir au 1er Mai à midi



Nous sommes finalement partis à six pour ce petit séjour à Taizé. Pour les uns, c'était la découverte ; pour les autres, c'était retrouver un lieu important voire le redécouvrir. Après un voyage en train ou en voiture selon les demi groupes, nous nous sommes retrouvés pour le dîner à Taizé. Au menu : purée, fromage frais, fruit et gâteau à la grande cuillère sans oublier le fameux bol en plastique pour l'eau. Nous nous sommes rendus ensuite à l'accueil pour recevoir le numéro de nos chambres et nos tickets pour les repas. Ces formalités accomplies, nous sommes allés à l'église de la Réconciliation pour la prière du soir. Dans ce lieu se tient l'âme de Taizé : on est porté par les chants, l'atmosphère recueillie, la beauté du cadre. De plus, le vendredi soir est proposée la prière autour de la Croix. C'est un moment impressionnant et qui marque ceux qui l'ont vécu, que ce soit ici ou à l'occasion d'un rencontre européenne.

La nuit fut plus ou moins courte selon les uns et les autres mais ceux qui s'étaient levés tôt avaient l'immense privilège de pouvoir jouir du paysage, du lever du soleil et du chant des oiseaux en toute tranquillité et même d'assister à la messe dans la crypte à 7 h 30. La prière du matin a lieu vers 8h20 et est une Eucharistie. Après un petit déj' frugal et simple (thé ou café, pain, beurre et barre de chocolat), nous sommes invités à nous rendre à 10h30 au point N1 pour une méditation de la lettre de Taizé et une introduction biblique par frère Maxime qui vient de l'Essonne (
Cliquez ici pour avoir le détail des pistes de la discussion). Le thème du jour est la simplicité. Les discussions en petit groupe suivent cette introduction et durent jusqu'à l'heure de la prière du midi. Dans la droite ligne du thème de la matinée (la simplicité), nous découvrons le menu  du déjeuner : purée salée et poivrée, fromage frais, orange et biscuit. Histoire d'appliquer ce que nous avons dit de la simplicité, nous nous privons de purée?

Chacun de nous passe l'après-midi à sa manière : balade dans les alentours, visite de l'exposition des ateliers de Taizé, balade jusqu'à la source Saint-Etienne, répétitions des chants et carrefour sur l'eucharistie chez les premiers chrétiens par frère Emile.


Résumé de ce carrefour
Jusqu'au IVème siècle, il n'y a pas de livre sur l'Eucharistie. Pourquoi ? Car l'Eucharistie n'est jamais prise isolément : elle est le résumé de toute la foi. De plus, elle est le lieu de vérification que ce qu'on dit de la foi est juste. Deux exemples :
Au IIème siècle, Irénée de Lyon montre que l'Eucharistie confirme la manière de penser, elle aide à comprendre que la Création est bonne. Pour aujourd'hui, ce n'est pas nouveau mais au IIème siècle, des gens qui se croyaient supérieurs imaginaient que Dieu n'était présent que dans le matériel et d'autres pensaient qu'Il n'était présent que dans le spirituel. Or, dans l'Eucharistie, le Pain et le Vin- issus de la Création- deviennent sous l'action de L'Esprit-Saint le Corps et le Sang du Christ. Donc ils ne peuvent venir de quelque chose de mauvais. De plus, nous sommes appelés à vivre au milieu du monde, ce qui constitue un défi, et donc à célébrer la bonté de la Création.

De même, il n'est pas logique de célébrer l'Eucharistie sans croire à la résurrection des corps. L'Eucharistie touche le corps par l'assimilation de l'hostie. Si Dieu estime que le corps est digne d'être habité par Dieu, le corps est important. La résurrection est le cœur de la Foi. Pour les premiers chrétiens, la résurrection est la place en Dieu pour nous et notre histoire. Le corps est la personne dans son histoire personnelle. La résurrection des corps ne concerne pas les mêmes molécules mais est la place pour notre vécu et notre avenir. Dieu prend au sérieux la vie humaine.

Actuellement, on peine à se réjouir à l'idée de la vie éternelle qui a un lien avec la résurrection des corps. L'Eucharistie à un deuxième sens : c'est une raison de croire en la résurrection. Avant Irénée de Lyon, Ignace disait que « l'Eucharistie est un remède à l'immortalité », c'est-à-dire qu'elle nous ouvre un avenir, qu'elle est une promesse d'avenir.

Aux IIIème et IVème siècles, il était évident que l'Eucharistie entraînait des responsabilités sociales. Le lien avec l'extérieur, la vie quotidienne était une condition pour célébrer. On reçoit et on devient Corps du Christ (voir Saint Paul) pour en tirer des conséquences. On ne peut proclamer l'Amour du Christ et rester indifférent envers les plus pauvres : l'Eucharistie pousse à aller secourir et de fait, les chrétiens apportaient quelque chose pour les pauvres à l'Eucharistie qui ne restait pas ainsi que paroles. Aujourd'hui, la quête signifie ce lien entre la vie et la Foi. Mais comment se passait l'Eucharistie à l'époque ? Pour répondre à cette question, deux regards à découvrir :

le premier vient de quelqu'un d'extérieur -un fonctionnaire romain- qui a enquêté et qui adresse son rapport à ses supérieurs pour savoir que faire face à eux. En effet, beaucoup de rumeurs courraient à leur sujet : ils rassemblaient des gens de toute classe sociale, ils s'appellent « frère » et « sœur », ils disent « manger de la chair » lors de l'Eucharistie et refusent d'adorer d'autres dieux. Pour eux, la foi n'est pas une formalité et ils croient vraiment ce qu'ils disent. Ces différentes opinions rendent le christianisme étonnant et séduisant car neuf. D'où aussi des arrestations, des tortures et des morts. Après enquête, le fonctionnaire romain rapporte que les chrétiens se réunissent un jour qu'ils appellent le «  jour de Seigneur », qu'ils chantent des hymnes à une personne qui s'appelle Christ ,puis qu'ils se dispersent et se assemblent de nouveau pour manger une nourriture très ordinaire. Les chrétiens étaient assez fiers que le plus grand mystère de leur foi (l'Eucharistie) revête un aspect des plus ordinaires.
Remarque : le jour du Seigneur est aussi le huitième jour, c'est-à-dire celui de la résurrection, le début de quelque chose qui ne finit pas, du paradis d'où la forme octogonale de certains baptistères ou la présence d'une coupe de lait et de miel pour les premières communions dans certains cas.

le second vient de Justin (Rome), un philosophe pour qui les chrétiens ne sont pas une secte. Pour lui, tout chercheur de vérité avant l'arrivée du Christ était accompagné par la parole de Dieu. Il nous livre une des premières descriptions complètes de l'Eucharistie (= messe ici). Elle débutait par des lectures tirées de l'Ancien et du Nouveau Testament puis se poursuivait par l'Eucharistie :



L'Eucharistie est une nourriture. Qui peut la recevoir ? Les croyants qui ont reçu «  le bain » et qui vivent en accord avec l'enseignement du Christ. Le lien avec la vie est très importante comme le montre l'histoire suivante : un empereur chrétien partit faire la guerre et toléra le pillage et la tuerie par son armée. Lorsqu'à son retour, il se présenta pour recevoir l'Eucharistie, l'évêque la lui refusa et lui dit d'aller d'abord se confesser. Cependant, l'Eucharistie n'est pas réservée aux personnes parfaites, ainsi que le prouve la phrase « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri. » C'est le désir sincère de mettre en accord ses paroles et ses actes qui compte.

L'hostie n'est pas une nourriture ordinaire mais Jésus fait chair, le Pain de Vie. Nous croyons que le Pain et le Vin deviennent par l'Esprit-Saint le Corps et le Sang du Christ, dont la vraie personne est rendue présente en nous et avec nous. Dans les premiers siècles, la communion se déroulait comme aujourd'hui mais avait une dimension collective plus marquée : ceux qui reçoivent le Corps du Christ le deviennent ensemble (voir les sermons de Saint Augustin à ce sujet), c'est-à-dire lors de l'Eucharistie, la communauté devient Eglise et Corps du Christ en communion avec les autres. Elle devient Eglise dans sa plénitude et n'en est pas seulement une parcelle.

Petite précision : aujourd'hui corps mystique du Christ = Eglise et corps du Christ = hostie alors que pour les premiers chrétiens : corps mystique du Christ = hostie et corps du Christ = Eglise?

Nous sommes ensuite tous retrouvés pour le goûter puis faire quelques achats et se raconter nos après-midi jusqu'au dîner composé de pâtes histoire de changer de la purée ?

La résurrection du Christ est fêtée lors de la prière du samedi soir. A un moment, les enfants qui sont là allument leurs bougies et la transmettent à leurs voisins jusqu'à ce que l'église soit entièrement illuminée ?

Le dimanche matin, il a bien fallu faire les sacs, nettoyer les chambres. L'Eucharistie a lieu à 10 h, toujours aussi simple et sobre. Puis arrive l'heure du départ après une dernière assiette de... purée !

Le week-end s'est achevé par la prière de Taizé à Villiers avec les nouveaux chants.


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